Le souffle et les couleurs

Gayané Adourian
2 min readFeb 27, 2023

Février. La peur. Les doutes. Le stress. Les rires. La confiance. Lui et moi.

Ici tout est plus doux. Intense mais doux. Sans la pression abominable des horaires. Sans le planning au millimètre de notre vie pour pouvoir à la fois tout faire entrer -sans le superflu- mais aussi faire en sorte que tout se passe bien, anticiper les frustrations, éviter les tempêtes et sortir des eaux troubles.

Ici la charge mentale de la maman solo n’est pas partie en vacances, d’autant que je me retrouve solo solo. Pas de parents, pas de voisin, pas de babysitter. Juste nous deux et le chat. Mais ici après deux jours d’adaptation et de compréhension, de corps qui lâche aussi, les rires sont plus nombreux que les cris. Et je sais qu’il fallait qu’on soit là, que le rythme est infernal, même intenable sauf à payer un prix beaucoup trop élevé.

Chaque fois, je le sais. Ici mes poumons s’emplissent. Quand j’étouffe et que je me noie à la fois, c’est ici que je dois venir reprendre mon souffle. Celui de la mère exténuée, celui de la mère à bout, celui de la mère dont on piétine les décisions, celui de celle qui malgré tout reste debout. Ici je suis loin. Et j’en ai besoin. Comme j’ai régulièrement besoin de fuir loin de tout ça.

Aujourd’hui je prends des forces parce que mars, encore cette année, sera difficile. Je prends des forces parce que pour la première fois en février je n’ai pas plié. Avec de l’aide sinon je n’aurai pas su, pas pu. Mais ça m’a vidée. Littéralement. Alors que des jours compliqués arrivent. Des jours où je me mettrai en pause. Encore.

Alors ici, même si je ne peux pas faire ce dont je rêve, je fais en sorte de me remplir de beauté. Pour ne pas oublier quand tout sera noir, quand ce sera le tourbillon, et me rappeler des couleurs qui respirent, celles qui sont vivantes.

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Gayané Adourian

Maman solo écolo en reconstruction. Ecriture. Fleuriste. Doula.