Le Manque
Voici le texte que j’ai écrit pendant l’atelier d’écriture : Ecrire la manque.
Apparté : J’ai tellement à écrire mais je n’ai ni le temps ni l’énergie en ce moment… :-/ Sauf que j’ai la chance de m’être offert 2 cadeaux cet été. 2 ateliers d’écriture. Alors ce temps là, je me plonge dedans. Voilà mon texte écrit d’une traite, dans l’atelier sur le manque.
Je pensais pas que j’écrirai la dessus ce jour là. J’aurais tant d’autres choses à dire. Et pourtant. Les lectures d’Alice m’ont faites replonger dans cette année 2009. Au cas où, je mets un TW, ça parle de maladie et de survie.
Petit à petit, j’ai tout arrêté. Enfin je ne continuais que dans ma tête. Avant j’étais plein de choses. Danseuse, pianiste, autrice, créatrice. Et puis BAM. Ma vie s’est arrêtée. Maladie qui m’a enfermée. Enfermée dans mon corps. Je lui criais à ce corps. Fais ! Bouge ! Vis. Mais non. Houston ne répondait plus. Trou noir et l’envie de ne jamais rester comme ça. Soit je guérissais, sois j’en finissais. Hors de question de me traîner à vie. De me traîner dans ma vie.
Alors je me suis battue. De toutes mes forces je me suis battue dans le noir de mon corps. Dans ces membres qui n’étaient plus les miens. Dans ces mots que mes lèvres n’arrivaient même plus à bien prononcer. Dans ces mouvements qui n’existaient plus déjà. J’ai créé pour repartir de zéro. J’ai crié tellement et tellement dans mon intérieur. Celui où il n’y avait que ma tête qui entendait. Je m’en suis voulu aussi de n’avoir pas écouté. J’ai forcé. Je sais.
J’ai crié dans les 4 murs de ma chambre. J’ai crié à mes parents. J’ai crié à celle que j’étais. J’ai même crié à celui qui m’a laissé tombé à ce moment là. Je ne savais plus faire que ça. Crier. Crier à chaque effort parce que trop dur, trop intense, trop tout. “Je n’en peux plus” que je lui disais à ma kiné. Inspirer. Expirer. Je veux ma vie d’avant. Je veux retourner aux toilettes toute seule. Je veux retrouver mon sourire. Je veux prendre une douche sans m’asseoir sur un siège. Je veux redanser. Remonter sur scène. Revivre. Re.Vivre.
Alors j’ai crié la vie. J’ai chassé celle que je trouvais si injuste pour me concentrer sur la prochaine. Je suis comme les chats que je me suis dit. Alors, un jour, entre ces deux barres parallèles de l’enfer, qui étaient censées me réapprendre à marcher, j’ai fait ce pacte avec mon corps. Inspirer Expirer. Je suis morte et à nouveau née. Voilà l’aube de ma quatrième vie. Après l’enfance, l’adolescence et puis après cette fichue maladie. Et cette vie là, elle sera debout. Inspirer. Ce jour là, j’ai su que j’allais redanser. Une fois. Et puis que ça serait fini. J’y ai mis tellement d’énergie. Marcher. Courir. Sauter. Danser. Enfin. Expirer.
Je n’étais plus la même et pourtant, mon feu intérieur n’avait pas changé. Cette année là, prisonnière de mon propre corps, j’ai perdu à jamais mon insouciance. J’ai cotoyé la mort. Celle dont on ne prononce pas le nom quand on a 23 ans. Celle qui t‘apprend le gout amer de l’abandon. De la solitude. De la dépendance. Celle qui m’a montrée aussi à quel point j’étais vivante. J’ai tant crié et pourtant ma voix ne s’est jamais cassée. Oui cette année là m’a changée à jamais. Ce feu qui s’était quasiment éteint, j’ai soufflé dessus. Il est reparti. Je manque parfois celle d’avant mais je vis et je vais de l’avant.