Ecrire grandir et mourir

Gayané Adourian
2 min readJan 17, 2023

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Toujours des mots sur des réflexions du moment. Sans prétention. Texte écrit en 15 minutes d’écriture collective.

Est-ce que grandir c’est renoncer à une partie de soi ? Est-ce grandir c’est mourir un peu aussi ? Quand est-ce qu’on arrête de grandir ? Et apprendre c’est quoi ? Je ne sais pas répondre à toutes ces questions. Et pourtant elles sont si présentes en ce moment. Qu’est-ce qu’on embarque et qu’est-ce qu’on laisse derrière soi quand on grandit ? Il m’a demandé si on redevenait petit. Parce qu’il voulait déjà à 3 ans redevenir petit. Et je le comprends. Un certain confort de ce qu’on connait. Une certaine sureté aussi d’être protégé dans ce qu’on a construit. Que ce soit patiemment ou par la force des choses. Elle m’a dit aussi que la sécurité était étroitement reliée au lien d’attachement. Je le sais, je l’ai lu, écouté, partagé quand je suis devenue maman. Maman abandonnée. La violence. Et ce n’est pas à moi que j’ai pensé alors. Mais à lui.

Comment faire en sorte que même à peine né, il ne ressente pas l’abandon ? Alors j’ai lu. Et puis j’ai rassuré. Toujours. Tout le temps. A chaque moment. J’ai été là. Besoin vital de l’avoir contre moi. La poussette ? On ne s’en ai jamais servie. L’écharpe me permettait en plus d’avoir les mains libres et j’en avais tant besoin. Laisser pleurer no way. Jamais. Même au plus bas. Même aux pires moments. Même quand je n’en pouvais plus. Il fallait qu’il sache que j’étais là. Je me foutais de tous les conseils. L’instinct maternel ? Pourtant je n’y crois pas. Je n’y crois toujours pas. Je crois à la présence, à l’ouverture, à l’écoute attentive. Je crois au fait de ne pas préjuger. Que c’est difficile avec un tout petit. Maintenant qu’il est plus grand, je vois comme il est solide. Qu’il a confiance. Je vois comme je suis son repère, si pesant parfois pour moi mais ô combien essentiel. Je vois quand ça tremble, quand il vacille. Je vois comme il a encore besoin.

Mais je vois aussi comme j’ai grandi. J’ai laissé beaucoup de moi de côté et paradoxalement, pas tant que ça. Je suis aussi devenue moi. J’ai laissé derrière moi ce que je pensais de moi mais pas ce en quoi je croyais. J’ai pris de la distance avec celle que j’avais peur d’être ou celle qu’on m’a reproché d’être. J’ai pris de la distance pour mieux embrasser cette personne. L’explorer et la considérer. J’ai appris à m’aimer. Ça a pris 4 ans à peu de choses près. Ce n’est pas encore tout à fait complet. Mais je sais qui je suis et j’accepte de grandir avec le chemin que je trace. D’avoir peur de la suite. C’est OK et profondément ancré en moi. J’accepte la balance et les vague. Je ne sais pas si on arrête de grandir un jour et peut-être que grandir c’est mourir un peu.

Mais si on meurt un peu, alors c’est qu’on est encore vivant.

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Written by Gayané Adourian

Maman solo écolo en reconstruction. Ecriture. Fleuriste. Doula.

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