Ce que le corps des mères peut faire.

Gayané Adourian
2 min readFeb 9, 2023

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Un texte écrit en 15 minutes d’écriture collective. À partir d’un texte lu ce matin qui m’a interpellée. Le 9 février 2023

“Ce que le corps des mères peut faire.” J’ai lu ça ce matin chez Alice et je me suis dit oui. C’est fou. Cette phrase est tant et tant à la fois. Ce corps qui se lève même quand il est à bout. Ce corps qui nourrit quand on le choisi, ce corps que parfois -toujours ? – on ne reconnait pas. J’ai lu “ce que le corps des mères peut faire” et j’ai pensé qu’il n’était jamais représenté. Souvent caché, pas dans les standards, pas conforme, pas uniforme. Ce que chaque corps de chaque mère peut faire. Ce que chaque corps de chaque femme peut faire. Ce corps que chaque femme qui voudrait être mère peut faire.

Comment est-ce possible d’entendre alors qu’on dort ? De se lever quand on rêve seulement de garder les yeux fermés ? De vouloir même parfois mourir mais de donner le change et de culpabiliser de ces pensées. Parce qu’il y a cet être là qui n’a rien demandé. Sur l’autel du nouveau-né il faut donc se sacrifier. Laisser son corps faire. Jusqu’où ? Où est l’autre ? Ou sont les autres ? Sur qui compter ?

J’ai lu “ce que le corps d’une mère peut faire” et je me suis rappelée de ces mots qu’on m’avait dit pendant la grossesse, une femme enceinte ou allaitante dépense une énergie comparable à celles d’un ultra-marathonien. Ton corps s’habituera à porter le poids du bébé en même temps qu’il grandit. Et c’était alors inimaginable de penser que mes petits bras pourraient le porter longtemps. Et puis je sais. J’ai randonné, seule avec mon bébé dans le porte bébé et le sac-à-dos derrière. J’ai marché dans la montagne, dans mes montagnes pour reprendre de l’énergie. Et je me disais à ce moment là “voilà ce que le corps d’une mère peut faire”.

Pourtant je le savais déjà. Accoucher ce n’est pas rien, s’occuper d’un enfant seule, c’est demander à son corps de ne pas se remettre de ce marathon qu’il a enduré. Le post-partum dure trois ans il parait. Rester allonger le plus souvent possible le premier mois, semble essentiel. S’occuper de la mère. Et pourtant. Je pense à toutes ces femmes qui n’ont pas cela. Et je pense à leurs corps. A nos corps si peu épargnés. À nos corps cicatrisés, balafrés, flasques, tendus, fatigués, marqués, à nos corps qui ont changé à jamais, qui se sont relevés ou qui sont en train. Quel cadeau. Quelle beauté. Quel respect à cultiver. À remercier.

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Gayané Adourian
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Written by Gayané Adourian

Maman solo écolo en reconstruction. Ecriture. Fleuriste. Doula.

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