Atelier — Pourquoi on écrit ?

Gayané Adourian
2 min readApr 27, 2023

Nouveau texte écrit en atelier. J’ai hésité sur les consignes et finalement j’ai choisi celle qui me faisait commencer mon texte par “ Je n’écrirai pas ce que j’écris si”. Ma façon de réfléchir à pourquoi j’écris via les textes d’inspiration proposés par Sarah, l’animatrice de l’atelier. Pourquoi j’écris ? Je n´ai pas de réponse unique.

Je n’écrirai pas ce que j’écris si je n’étais pas une femme. Si je n’avais pas eu d’autre choix que d’utiliser les mots couchés plutôt que ceux qui s’envolent. Au moins quand j’écris, personne ne me coupe la parole. Ma voix ne tremble pas et si les larmes montent à mes yeux, elles ne se voient pas. On ne dirait pas de moi que je suis trop émotive ou trop vulnérable. On lira juste mes mots et peut-être qu’on dira “c’est beau”. Et dans tout cela, on oubliera qui je suis.

Je suis une femme qui écrit. Une mère qui écrit. Une humaine qui écrit. Celle qui fait partie du monde du vivant avec la conscience que certains de ces vivants le détruise sans conscience. J’écris pour garder, pour crier, pour pleurer et peut-être aussi, pour éveiller. Je n’écrirai pas ce que j’écris si mes yeux n’avaient pas appris à voir, mes mains à sentir et mon coeur à ressentir. Si ce qu’on appelle les émotions ne me traversaient pas comme des rais de lumière. Invisibles, passagers et pourtant bien là, à un moment. Je ne pourrai pas écrire ce que j’écris si j’arrêtais de m’émerveiller de la beauté de ce qui m’entoure. Un instant, un moment, un rire, un oiseau qui chante. La liste est longue.

Je n’écrirai pas non plus ce que j’écris si je n’avais pas passé autant de temps seule. Petite, ado, adulte. Des moments de solitude choisis, d’autres subis. Ce vide dont j’ai besoin parfois pour me remplir de quelque chose qui flotte, non palpable et pourtant bien là. Ecrire c’est la solitude exposée, les rêves présentés, la rage qui explose, les souvenirs pas toujours roses. C’est braver le bâillon et la condition. C’est être et exister. Pas besoin d’être une héroïne, juste un carnet, un stylo, des mots sur le papier. C’est déjà consistant.

Je n’écrirai pas ce que j’écris si je n’avais pas grandi aussi. Au fond, je n’ai tant changé je le sais, sinon je n’aurai pas survécu. Probablement que tout était déjà là. Sans oser l’exprimer trop fort. Oui, on ne peut jamais être trop nous. Encore moins trop sensible. Dans tout son sens. Alors l’écriture est juste là pour témoigner. Pour dire voilà ma pensée, mon contexte, ma façon de voir ce monde. Cette fenêtre ouverte sur l’extérieur, je vous l’offre à vous aussi, comme de la glaise. À votre tour de façonner.

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Gayané Adourian

Maman solo écolo en reconstruction. Ecriture. Fleuriste. Doula.