3 ans.
Je me suis accrochée à toi. Comme on s’accroche à une bouée pour ne pas mourir. Pourtant, j’ai cru mourir 10 fois, 20 fois, 100 fois. Ça m’a traversé l’esprit aussi. Pensée rapidement chassée. Je ne pouvais pas te faire vivre un deuxième abandon. Tenir pour toi, il le fallait.
3 ans que tu as fait de moi une maman. Et waouh. Je suis tellement fière de toi, de tout ce que tu es, de la maman que je suis, de nous. De cette équipe qu’on forme, de cet amour qui nous lie. Oh ce n’est pas facile tous les jours. Euphémisme. Et je savoure chaque petit moment de répit, de joie, de fluidité. J’apprends dans tes tempêtes. J’apprends dans les contraintes. De cette société qui n’aide pas vraiment les mamans et encore moins les solos. J’en vois tant des témoignages de celles qui cherchent un travail pour être là à l’heure pour leurs enfants, de celles qui se mettent en auto-entreprise pour tenter de gérer leur planning au mieux et avoir un semblant de liberté. A chaque fois je me demande si je ne devrais pas faire comme elles. Et ça me tort le ventre. Alors je tire, je tire, je tire sur la corde. Comme si je voulais juste hurler que je veux exister. Etre moi. Il n’y a rien de pire qu’un esprit libre et créatif qu’on contraint à disparaître. Pour l’instant, je n’ai pas fait ce choix. Et j’espère que plus tard, tu me pardonneras.
Threenager VS quête de sens
Cette année n’est pas comme les autres. Tu t’affirmes pendant que j’essaye d’exister. Pas facile. Y a de l’électricité. De la fatigue, de la culpabilité aussi. Et la peur du jugement. Mais je n’ai pas à rougir. Je te vois. Et je sais. Ce qui me chagrine c’est que tout est flou encore pour moi. Je navigue à vue et tu es sur mon esquif. Fragile, frêle. Qui plie mais ne rompt pas comme dirait Jean de La Fontaine. Alors oui, tu ne manques de rien d’essentiel. Ton repère c’est moi. C’est moi qui n’en ai pas. Je me débats encore dans les chaînes qui m’entravent tout en essayant d’avancer. 3 ans. A peine le temps de se remettre de tout ce qu’implique un accouchement normalement.
Je prends le temps à mon tour de me reconstruire petit à petit. Me protéger aussi. Nous protéger. De retrouver une partie de la personne que j’étais avant. Celle qui rêve. Celle qui apprend. Celle qui bâtit. Celle qui relie aussi. Cette personne là, tu le l’as pas encore beaucoup vue. Mais c’est aussi ta maman. Celle qui rit, qui chante, qui danse, celle qui invite du monde à la maison, celle qui se met à l’envers au yoga, celle qui flâne, qui a besoin de calme, d’enthousiasme, de calins. J’ai 36 ans mon bonhomme et je ne suis pas éternelle. Mais j’ai 3 ans de maman et encore tant à te partager, te suivre, te raconter.
Garde ta douceur ❤
Je suis une toute petite maman et toi, tu es déjà grand. Avec tes questions, tes envies, ta sincérité, ta spontanéité. Garde tout cela mon bonhomme. Parle. Pose des questions. Danse. Prend soin. Je t’accompagnerai du mieux que je pourrais. Je sais que ta petite lumière en emmènera plus d’un. Et aujourd’hui, 3 ans plus tard, on danse et on s’aime. Et c’est puissant. Pour l’instant, c’est ce qui compte.
Garde ta douceur mon garçon, le plus longtemps possible. Le monde a besoin de douceur. N’écoute pas ceux qui te diront qu’il faut bien te confronter à la violence du monde. Tu as le droit de ne pas. Tu as traversé le portail de la naissance dans notre bulle, que j’ai tapissée avec toute la douceur du monde. Celle que je t’ai donnée et que tu me rendais. Pendant qu’autour de nous deux, il y avait la violence. Celle de l’abandon, celle de l’indifférence, celle du mensonge, celle du calcul, celle de l’indécence. J’ai fait rempart, je n’étais plus, concentrée telle une sorcière en train de créer ce bouclier pour toi. Il grandit maintenant tout seul, avec toi, en toi. Il a tenu pour nous pendant ces 3 ans. Tu pourras le convoquer à n’importe quel moment. Il est là. Je suis là. Comme depuis 3 ans. Déjà.
❤️